Enseigner en Guinée Conakry avec Fadime
Aujourd’hui nous partons en direction de la Guinée Conakry pour faire la connaissance de Fadime ! Professeur des écoles de l’Académie de Toulouse depuis 2004, elle a obtenu son détachement pour le Tchad en 2016 et a enchaîné en 2019 avec un contrat de résident en Guinée où elle est maîtresse d’une classe de CM1-CM2 au Lycée Français Albert Camus de Conakry.
Vous avez toujours voulu partir enseigner en Afrique mais avez peur de vous lancer ? Le parcours et la grande expérience de Fadime en tant qu’expatriée pourra peut-être vous aider à faire le grand saut. De sa volonté de partir à la découverte du monde à son arrivée dans un nouveau pays suivons Fadime jusqu’en Guinée Conakry pour découvrir sa nouvelle vie et sa nouvelle école. C’est parti, direction Conakry !
L’école d’ailleurs : Bonjour Fadime ! Merci beaucoup d’avoir accepté de nous accorder du temps et de partager votre expérience avec nous 🙂
La volonté de découvrir de nouveaux horizons
Fadime, racontez-nous, comment est apparue chez vous cette envie d’ailleurs ?
Fadime : J’ai eu un mari militaire qui a beaucoup voyagé et j’ai voulu tenter l’expérience à mon tour afin de voir ce que cela faisait.
Et une fois que la grande décision de l’expatriation a été prise, quelles démarches avez-vous dû effectuer ?
J’ai d’abord consulté les postes vacants et les modalités de candidatures sur le site de l’AEFE puis en janvier j’ai postulé auprès des pays qui m’intéressaient.
Que s’est-il passé lorsque vous avez déposé votre dossier de candidature ?
Ma candidature a été étudiée en CCPL (Commission Consultative Paritaire Locale) en Mars et mon classement m’a été transmis par le chef d’établissement du lycée concerné. Je devais remplir une fiche d’acceptation du poste et effectuer une demande de détachement auprès de mon académie ( L’AEFE et le lycée fournissent tous les formulaires). Une fois le détachement accepté par le DASEN (Directeur Académique des Services de l’Education Nationale), on passe sous la gestion du service des Ressources Humaines de l’AEFE et on nous attribue un gestionnaire qui nous guidera pour toutes les autres démarches, comme la demande de passeport de service par exemple.
D’accord, donc après avoir traversé ce méandre administratif on peut faire ses bagages et partir vers un nouveau pays 😉
L’arrivée dans un nouveau pays
Lorsque vous êtes arrivée sur place, le pays était-il conforme à ce que vous aviez imaginé ?
La vie quotidienne en Guinée ne m’a pas surprise car j’étais habituée à vivre au Tchad ( affectation précédente) mais le manque de matériel et le stress de l’organisation en début d’année (peu d’aide de la part des collègues donc on gère seul) m’ont un peu surprise. Mais sinon, on est dépaysé et c’est là, tout le bonheur de l’expatriation.
L’arrivée et l’installation dans un nouveau pays peuvent parfois être déstabilisantes, comment cela s’est-il passé pour vous ?
L’installation dépend de chaque pays (certains lycées vous logent et d’autres non). Il faut partir du principe que nous avons voulu nous expatrier et il est normal d’être confronté à d’autres valeurs et fonctionnements. Ce ne sont ni la même culture ni la même mentalité. Dans la rue, les gens sont agréables et il y a une bonne ambiance…. C’est d’ailleurs ce qui m’a plu en Afrique en général, l’absence de stress et la bonne humeur générale malgré les difficultés de la vie
La découverte d’une nouvelle école
Après l’installation parlons maintenant de votre rentrée. Un nouvel établissement, à l’étranger de sucrcroît, cela doit être impressionnant. Qu’est ce qui vous a le plus marqué à votre arrivée ?
J’ai été marquée par la taille du lycée et le grand nombre de collègues. J’ai également remarqué qu’il y avait plus de mutualisations inter degrés.
La rencontre avec les collègues
Justement, en parlant de vos collègues, votre intégration dans l’équipe pédagogique s’est-elle bien passée ?
Au sein de l’équipe, cela dépend vraiment des pays. Au Tchad, c’est un petit lycée (570 élèves) donc la solidarité et l’accueil sont les mots d’ordres et coulent de source. En Guinée, c’est un grand lycée (1000 élèves) donc c’est l’usine et l’indifférence totale entre collègues. Heureusement que des amitiés se créent. Les profs ne sont pas tous français, il y a aussi beaucoup de guinéens mais ce qui est dommage c’est qu’ils ne se mélangent pas (pas de soirées ensemble par exemple).
La découverte de nouveaux élèves
Après avoir découvert l’établissement et les collègues il y a la rencontre avec les élèves. Comment cela s’est-il passé pour vous ?
Très bien car c’est une mentalité bien différente de celle des petits élèves français, ici il y a plus de respect de l’adulte et de l’institution.
Ce respect que vous évoquez a-t-il eu une influence sur le rapport que vous avez avec vos élèves ?
Oui, cela m’a permis de développer un rapport de confiance avec eux.
Et combien d’élèves y a-t-il dans chaque classe (à peu près) ?
C’est variable, ils sont entre 19 et 28.
De manière générale, diriez-vous qu’ils sont contents de venir en cours ?
Oui et c’est très agréable car on sent chez eux une très grande envie d’apprendre et de réussir.
Très bien 🙂 Parlons maintenant de la pédagogie sur place et de l’organisation du temps scolaire si vous le voulez bien.
En classe avec Fadime au Lycée Albert Camus de Conakry
D’un point de vue pédagogique l’adaptation a-t-elle été difficile pour vous ?
Non pas vraiment. On suit le programme français donc la pédagogie reste la même.
Et au niveau de l’organisation du temps, racontez-nous comment se déroule une semaine type ?
Alors, c’est la même chose qu’en France mais en plus compact. On a cours 5 jours dans la semaine de 8h à 13h30 avec deux récréations. La seule différence c’est que les élèves ont cours 26h30 dans la semaine (contre 24 heures en France, NDLR.) car ils font plus d’anglais qu’en France (4 heures hebdomadaires).
Et l’année scolaire, comment se déroule-t-elle ?
Exactement comme en France.
Donc de ce point de vue là vous n’avez pas été dépaysée 🙂 Et en ce qui concerne vos conditions de travail, avez-vous de bonnes infrastructures sur place ?
Oui ! On a de grandes salles de classes qui sont climatisées. Le mobilier est commandé en France donc les conditions sont les mêmes qu’en France.
Les méthodes françaises sont-elles adaptées dans le pays ou avez-vous dû vous adapter ?
Dans certains pays, comme le Tchad, il a fallu adapter l’enseignement civique, surtout concernant la laïcité.
Et en cours, êtes-vous libre de vous organiser comme bon vous semble ou devez-vous vous plier à des exigences strictes ?
Le directeur est notre supérieur hiérarchique et a un droit de regard sur le déroulement des cours, si quelque chose ne lui convient pas, nous devons nous plier à ses exigences.
Quelles sont les différences majeures avec la France ?
Je dirais qu’il s’agit surtout de la qualité de l’enseignement. On évolue dans une ambiance détendue où les deux parties (élèves et enseignants) ont envie de travailler.
Avez-vous pu développer des techniques pédagogiques sur place que vous souhaiteriez ramener en France ?
Je pense que je ramènerais le système d’atelier et de travail en groupe car je ne le pratiquais pas en France et que ça m’a beaucoup plu.
Le petit conseil de la fin
Et pour finir, quel conseil donneriez-vous à vos collègues qui souhaitent tenter l’expérience de l’expatriation?
De bien réfléchir car le changement n’est jamais facile puis de foncer. On réalise après toute la richesse humaine et professionnelle qu’apporte une telle expérience et finalement on est fier de soi. Il faut juste avoir le courage de sauter le pas.
Eh bien, merci beaucoup Fadime d’avoir partagé votre expérience avec les lecteurs de l’école d’ailleurs =D
Grâce à Fadime nous pouvons nous rendre compte qu’aller enseigner dans un lycée français à l’étranger n’est pas forcément dépaysant d’un point de vue pédagogique (même si les élèves sont plus sages 😉 ) mais que s’acclimater à une culture différente demande un travail sur soi et qu’il faut savoir faire preuve d’adaptation.
Alors, tentés pour aller faire classe en Guinée ?